Journal d'entrainement, semaine du 5 juillet 2021
- Loïc Paipai
- 12 juil. 2021
- 3 min de lecture
Cette semaine je n'ai pas pu tenir mon journal comme d'habitude, pour plein de raisons, fatigue, choses à faire... Donc je vais faire un résumé global de ma semaine, afin de tout de même honorer mon engagement.
J'ai essentiellement continué à travailler les positions statiques et la lenteur dans le taichi, et ce à haute dose, ce qui m'a amené à une réflexion que je ne m'étais jamais faite (et que donc je vais vous livrer maintenant).
Lorsque j'ai commencé à pratiquer les arts martiaux chinois, j'avais une image un peu magique de la pratique. Pour moi, chaque mouvement était un trésor en soi, une espèce de recette miracle qu'il suffisait de travailler encore et toujours pour que des qualités miraculeuses émergent. Travailler "pi-chuan" pendant 3 ans allait me transformer en guerrier taoïste ultime, par la simple alchimie miraculeuse de cette technique secrète. Au fur et à mesure du temps, de l'expérience et surtout de l'accumulation de connaissances, je me suis rendu compte que les mouvements avaient peu d'importance, et qu'on retrouvait un peu toujours les mêmes suivant les pratiques et les arts martiaux. Ce qui a de l'importance en revanche, c'est la manière dont on s’entraîne, l'ensemble complexe d'intentions et d'attention aux détails, à ses sensations, à la qualité du travail et de sa propre correction... J'ai eu un espèce de rejet de l'accumulation de techniques et d'exercices, alors que des choses très simples peuvent devenir des pratiques d'une vie entière si l'on met suffisamment de choses dedans. Les principes sont plus importants que les techniques, et on peut faire un qigong d'une richesse incomparable avec 3 mouvements tout bêtes.
Je passe maintenant par une nouvelle phase, où je vois avec un œil neuf tous ces mouvements et l'ensemble assez considérable de techniques et d'exercices que je pratique depuis des années. Je m’émerveille à nouveau de l'extrême intelligence des écoles d'arts martiaux internes chinois. C'est difficile à expliquer, mais par exemple lorsque l'on regarde la longue forme de taichi, il y a toute une mécanique et une logique hyper précise, qu'on l'on n'a pas forcément besoin de saisir pour que la pratique soit bénéfique d'ailleurs. On pourrait croire que l'on retrouve un peu la même chose dans toutes les pratiques et toutes les écoles, mais ce n'est pas tout à fait exact. Il y a des subtiles différences qui changent pas mal de choses. C'est un peu comme lorsque l'on commence à explorer la logique interne du yijing ou de la médecine chinoise, on ne peut qu'être fasciné par à quel point c'est de la mécanique de précision d'une logique et d'une intelligence rare.
En fait, ce qui fait l'incomparable qualité des arts martiaux internes chinois, et le fait qu'ils sont utilisables comme pratique d'élévation spirituelle et de santé, c'est justement qu'ils intègrent les deux aspects: une richesse, une intelligence et une qualité profonde des grands concepts qui sous-tendent la pratique, mais aussi une finesse et une intelligence technique qui est bien sur magnifiée par la profondeur des concepts sur lesquels repose cette technique.
Je ne suis pas sûr d'être très clair, n'hésitez pas à me dire en commentaire si cela vous parle.
Sinon, cette semaine j'ai enfin réussi à rééquilibrer ma pratique et à faire autant de méditation que de pratique corporelle. Honnêtement, mon vrai problème, c'est que j'adore la méditation. Je peux rester assis les yeux fermés pendant des heures, tellement d'une part cela me fait du bien, et tellement c'est une pratique fascinante... Rien que l’observation de l'esprit, c'est comme partir à la découverte d'un continent inconnu, on peut toujours aller plus loin et découvrir de nouvelles choses. Et ce qui est génial, c'est qu'on peut autant s'émerveiller sur un magnifique paysage que sur une petite fleur qui pousse sur une pierre, ou en d'autre terme, on peut autant s’émerveiller des grands fonctionnements de notre esprit, ou se passionner pour l'observation d'un mécanisme très fin et très précis. Par exemple, moi ce qui me fascine en ce moment, c'est: "qu'est-ce qu'une pensée". Jusqu'à quel niveau de finesse peut-on descendre pour déterminer ce qu'est une pensée. Est-ce qu'une perception est déjà une pensée? Bref je crois que je vais devoir faire attention à ne pas déséquilibrer dans l'autre sens.
A ce sujet, j'ai une anecdote. Ce samedi, j'attendais devant un magasin que ma femme termine un achat, et je me suis posé, debout, tout droit, en fermant les yeux, pour faire un exercice de méditation. Ma femme s'est rapidement rendue compte que la caissière me regardait avec anxiété: la pauvre croyait que j'étais en train de faire un AVC et était en train de se demander si elle ne devait pas appeler les secours... Ben quoi, on peut même plus méditer en pleine rue tranquille maintenant ;)
Voilà, je vous laisse pour cette semaine, je vous souhaite une bonne pratique!
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